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Nouvelle : Le Darshan.

Ecrit avec amour et humour le 26.02.2019

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Darshan ou darsana : f, s. Terme de l’hindouisme qui signifie « Vision du divin » ou « Être en présence de la divinité ».

Je crois qu’en cette matinée du mois de Février, j’ai eu la chance de vivre cette expérience sacrée. Qu’importe, si je passe ici pour une illuminée. Toute ma vie, je m’en souviendrais. Pourtant cette journée n’avait pas si bien commencé. Il y a quelques jours, j’ai eu une insomnie. De celle qui vous éveille toute la nuit.

 Assise sur le balcon, la nuit noire me permet toutes les divagations. La solitude de ces moments là n’efface pas la douleur, l’anxiété, la tristesse qui est en moi et dont je n’arrive plus à me séparer. Le silence n’apaise pas mes pensées, au galop revient le passé.… Ma vie à l’étranger, amoureuse contre son corps collé, l’atterrissage à Montpellier, les mois d’hospitalisation, le sourire de ma mère retrouvé. Le passé reviendrait- il pour ne plus être simplement balayé mais être enfin accepté ? Je regarde autour de moi, la douce tranquillité de la nuit m’attendrit. À 4h45 s’apaise mon esprit. Ne pense pas à hier, concentre-toi sur demain. Serais-je venue chercher la guérison ? Est-ce à travers ce voyage que je me retrouve petit à petit ? Faire la paix avec la femme que je suis, ce que j’ai vécu et ce dont j’ai vraiment envie. L’Inde est devenue une bénédiction, un chemin vers l’acceptation. Il serait peut-être temps de se demander pardon. La nuit s’envole doucement vers l’Ouest. Je mets une écharpe en soie autour de mes hanches, un top en crochet sans manches, attrape mon appareil photo, let’s Go !

 

Il est 5h20 du matin, les ombres se définissent à la lumière des échoppes où le Chai se boit, silencieusement. L’odeur du Jasmin frais s’achète, se fixant dans leurs chevelures, tendrement. En famille, en couple, avec les grands parents ou seul avec les enfants, ils s’avancent tous d’un pas décidé vers cet immense temple dans la brume, dessiné. Où vont-ils tous dans cette union ? Je les observe, tout en suivant religieusement leur destination.

 

Une foule.

Des regards.

Dans les bras enlacés.

Tous, font face à la mer.

Le lever du soleil est ici, sacré.

Nous sommes des milliers.

 

Jamais, je n’ai senti autant d’apaisement depuis mon arrivée. Être au milieu de cette foule, me met étrangement en paix. Profondément ancrée. Une irrésistible sensation de liberté tout en étant très entourée. Je me faufile parmi eux, photographier. Les gestes tendres, les regards puissants, les deux pieds dans le présent. En méditation face au soleil, communion charnelle. La douceur des rayons est égale à celle de leurs âmes. Je ne vois que des cœurs, de l’amour, du pardon, de la sororité, de la compréhension. Ils ont toute mon admiration. La chaleur atteint mon corps se laissant bercer parmi la foule, tendrement. Aucunes barrières ne sont présentes, ni celle de la langue, ni celle de ma timidité. Je croise son regard, je m’avance doucement vers elle. Elle est si belle. Elle me sourit, mon regard la suit. En quelques clics, elle rayonne désormais dans mon appareil photo.

Pour la remercier, je l’ai prise dans mes bras. Et puis une autre. Tout aussi délicate, toute aussi gracieuse, tout aussi puissante. Même schéma. Besoin de sentir leur cœur contre le mien. Spontanément, mon corps se plonge contre le leur, sans peur.​​ Quel  est - ce  sentiment - là  ? Une force invisible m’entoure, l’amour universel s’empare de moi. Serais-je en train de me pardonner, d’accepter de guérir, de laisser vivre enfin mes émotions. L’étape de la reconstruction. Le pouvoir de guérison. Les larmes se mêlent à mon rire, de plaisir, de joie, de gratitude. Retrouver la foi en soi.  

 

​Cette connexion, n’y a-t-il que moi qui la sens comme ça ? Je ne crois pas. Cela a duré plusieurs minutes, de bras en bras, de sourires en éclats, de larmes en émoi. J’étais prête à accueillir les milliers contre moi. Photographier n’était plus une arme avec lequel j’aimais me cacher. Il est devenu désormais une façon de me connecter avec les autres, avec moi, un véritable acte de paix. Depuis, le sourire ne m’a plus quitté. Reconnaissance éternelle pour cette matinée. Une merveille.

C’était le jour du 27 Février, enfin re-connectée parmi les humains, ces êtres si divins.

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