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Nouvelle : La décision.
Ecrit avec amour et humour le 25.02.2019
Depuis le début, ce voyage je pensais ne pas y avoir droit. Cette chance là, elle n’est pas pour moi. Certainement pas. Non, je n’irai pas. Je ne peux pas. Jusqu’à mon arrivée en Inde, j’aurai résisté. Résister à l’abondance. Résister à l’abondance d’une joie immense. Je ne l’ai pas mérité. C’est un cadeau que j’ai eu cesse de refuser. A plusieurs reprises, j’ai répondu par la négativité. Mais qui d’autre ne peut nous accorder le droit, que soi-même ?
Ce jour-là, mon cœur a pris le dessus sur la raison. Arrête de te poser autant de questions. Vas-y ! Personne ne peut entendre ce dont tu as profondément envie. Le pouvoir de décision, tu l’as en ta possession. Comment ai-je pu encore une fois me détacher de moi, écouter tous sauf la petite voix ? J’ai booké mon billet d’avion, rempli une valise aussi minuscule qu’un sac à main, mis ma robe porte bonheur et hop, en avant Haut Les Coeurs ! Cependant le matin du départ, j’ai compris qu’il fallait plus qu’un simple achat de billet pour que je me laisse enfin le droit de vivre ces moments de pure sérénité.
« Mademoiselle il y a très peu de chance que vous passiez la douane sans une photo sur votre E-visa imprimé. » Je doute qu’à Paris il vous laisse passer. C’est du 50/50, je suis désolée. »
Pardon ?! Excuse me ? What ?! Comment ai-je pu laisser mon rêve d’ailleurs avoir une chance sur deux d’être vécu ? Du 50/50. Du quitte ou double. Oui bien sûr ou non, non, non impossible. A 5h30 du matin au milieu des hôtesses couleur carmin, je ne ressens plus rien. Abasourdie. Saoule avec un taux 0 d’alcoolémie. Mon doigt ne cesse de se connecter sur le site officiel du Gouvernement, cherchant la solution désespérément. Les minutes passent, l’hôtesse ressasse, le choc est tenace. « Prenez ce vol pour Paris, essayez, on ne sait jamais. »
On ne sait jamais. Ce n’est pas vrai, jamais Ô grand jamais, je ne mettrai plus de barrières entre moi et la décision donnée. Promis, juré. Ai-je provoqué cette résistance à ne me laisser aucune chance de partir, ne pas me donner la moindre chance d’écouter mon profond désir ? Assise dans ce minuscule avion, mon cœur ne cesse de faire des bonds. Mon doigt lui, n’arrête pas la connexion, avec mon portable il est en fusion. Je ferme les yeux, à chaque problème sa solution. Avec tes grands yeux bleus et ton anglais parfait, tu monteras dans cet avion, aucun doute voyons. Quelle connerie peut-on imaginer pour tenter de se rassurer… Je l’ai. J’ai réussi.
Ma photo sur l’écran du portable apparait. Oui, c’est moi. Il y 5 ans déjà. En haut à droite du E-visa officiel, tamponnée, la photo est bien ajoutée. Le document tant attendu surgit et mon rêve, avec lui. Je décolle enfin, puis atterrit à Paris-Orly. Direction Roissy, dans 4h je pars en Inde, oui OUI. Ne me dites pas que cela est impossible, j’ai mon E-visa, ma photo et un bagage minuscule sous le bras. La navette est bondée tout comme le trafic en cette matinée embrumée. Dois-je encore faire face à une nouvelle barrière à sauter ? Dois-je apprendre à respirer calmement ? A relativiser aussi, décidément. Putain de barrières. Putain de résistance. Je n’ai que très peu de temps, je ne pourrais jamais rejoindre la porte d’embarquement. Mes pieds ne se sont pas arrêtés, je n’avais pas couru autant depuis Vancouver, en Juin dernier. Avec toutes ces barrières à franchir, vais-je finalement devenir la future championne du 110 mètres haie ?
Allez mémé, bouge-toi si tu veux décoller.
« Inde Visa – E Visa – Photo – Je l’ai – Je peux y aller – Ils ne peuvent pas me refuser – C’est bon – Oui, non ? Oui ? » « Reprenez votre souffle Mademoiselle. » Elle a un joli sourire, c’est vrai je ne peux pas lui en vouloir mais ce n’est pas elle qui vient de courir le marathon de Roissy en 7 minutes chrono, si ? « Photo ou pas photo, vous seriez quand même passée, vous savez. Il n’y avait aucune raison d’être inquiète, Mademoiselle Saunier. » Elle a un joli sourire, c’est vrai et à ce moment-là je ne peux que l’aimer après m’avoir gentiment rassurée. « Allez prendre un Chai Latte, vous l’avez bien mérité. » Ah bon, vous croyez ?!
Bref. A Paris j’ai pu décoller et à Varkala, j’ai enfin atterri... Rien n’est plus simple lorsqu’on se laisse l’opportunité de vivre les évènements qui nous sont donnés et d’être en accord avec cette idée.
